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Championnat de France 2020 – Cercle de Voile d’Arcachon

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La voile depuis toujours – ou presque

Voilà 136 ans que le Cercle de la Voile d’Arcachon est en activité. Stars olympiques, rois et princes passionnés de yachting, mais aussi résidents, vacanciers, scolaires : ce club a permis à tous de découvrir et de pratiquer la voile. Et ce n’est pas près de s’arrêter ! Découvrez le club accueillant le Championnat de France des Europes 2020 à partir de Jeudi prochain.

© Tom © CVA

Sous l’œil vigilant du comité de course, trois Diams 24, des trimarans utilisés pour le Tour de France à la Voile, virevoltent sous le vent de la ligne de départ. Froissement de leurs voiles en composites, observation du chronomètre et de la pavillonnerie hissée à bord de la vedette : les pros sont à l’œuvre. Le Cercle de la Voile d’Arcachon n’a pas raté l’occasion du salon nautique d’Arcachon, lequel se tient tous les ans à ses portes. L’opération séduction et promotion, c’est maintenant ! Eric Limouzin, Président du club depuis 10 ans, est sur tous les fronts, téléphone et radio accrochés à la ceinture. Le voilà sur les pontons pour saluer Lalou Roucayrol, parrain et guest star de cette édition du salon, à bord de son imposant Multi 50. Puis sur l’eau pour assurer la rotation des équipages, plus tard en costume et cravate Club pour accueillir le Maire. Tout jeune retraité, Eric a découvert la voile à Arcachon dans les années 1970, à bord des Pacific. Sa profession dans le BTP l’a emmené loin du Bassin, plan d’eau retrouvé en 2000. Excellent régatier, Eric navigue à bord d’un monotype, le Surprise, et s’implique également dans la voile traditionnelle. Beaucoup de casquettes pour un seul homme. « J’en ai marre tous les jours mais je continue », s’amuse-t-il.

Eric Limouzin, Président du club – Photo TVBA.fr

Une vraie usine de la voile

Dès potron-minet, les moniteurs du club ont gréé les dériveurs et multicoques légers pour assurer des baptêmes de voile. Et les bacs à voiles ont également répondu présent, histoire d’animer un peu plus le plan d’eau. Ce club, impossible de le rater sur le port avec son toit vert arrondi. Une imposante bâtisse fonctionnelle, dont les abords, terre-plein surtout, sont souvent un peu frais – l’exposition plein Nord y est pour quelque chose. A l’étage, le club house, avec ses bureaux, ses maquettes et ses coupes prestigieuses.

L’histoire de ce club de voile est dense, riche et… mouvementée. Et le sera encore puisque le bâtiment actuel, pourtant relativement récent – fin des années 1990 – devrait prochainement être rasé. D’abord parce que le passer aux nouvelles normes coûterait au port, propriétaire des lieux, une petite fortune. Ensuite parce que la structure métallique n’a pas apprécié l’atmosphère saline. Sans parler du toit débordant de l’aile Ouest, qui a nécessité un haubanage pour rester en place les jours de tempête. Un projet qui n’est pas pour déplaire à Eric : « gérer le nouveau projet de bâtiment, en tant que professionnel du BTP, ça me passionne. Et une chose est sûre, nous, on veut du costaud ! ». Le CVA, premier club de voile de Nouvelle Aquitaine et dixième de France, représente 1 400 membres (dont 8 associations et stagiaires) et 2 200 licences voile délivrées en 2017. Il fonctionne toute l’année, avec cinq employés l’hiver et jusqu’à vingt l’été. Un sacrée usine qui fait tourner 70 supports de voile légère, 3 voiliers habitables et 7 bateaux d’encadrement. Le CVA est bien sûr soutenu par la ville d’Arcachon et entretient d’excellents rapports avec le port. Vingt places sont d’ailleurs réservées au club, qui dispose de sa propre grue de mise à l’eau.

Quand Arcachon était le fief du yachting

Sur le Bassin, la plaisance s’est développée vers 1840, à l’époque de la création des premiers clubs de voile – Le Havre en 1838, Paris en 1858, La Rochelle en 1860. Les premières régates sont lancées en 1848 ; les plaisanciers se regroupent bientôt sous la bannière de la Société des Régates d’Arcachon, qui devient Yacht Club d’Arcachon. C’est sous l’égide de cette structure que naît en 1882 la Société de la Voile d’Arcachon – SVA. Animée par deux grands architectes navals, Georges Sahuqué et Joseph Guédon, le club rayonne rapidement et ses membres n’hésitent pas à se mesurer à d’autres régatiers, sur tous les plans d’eau, en France comme à l’étranger. En 1892, la SVA loue une villa sur la plage avec garage pour les plus petites unités, jardin pour stocker mâts et cordages, salle de réunion, billard, et bien sûr bar. Une terrasse couverte offre une vue imprenable sur les régates et le toit est équipé d’un mât de pavillon pour lancer les départs de course. Le dynamisme et la jeunesse des dirigeants du club ont tôt fait de précipiter la dissolution du YCA, plus conservateur. Nous sommes en 1905, année où la SVA intègre le motonautisme. L’année suivante, la Jauge Internationaleest adoptée à Londres. Le principe est une formule mathématique qui reprend les principales caractéristiques d’un voilier ; il convient à l’architecte naval de dessiner le bateau le plus performant en respectant le résultat obtenu. Ce sera 5,5, 6, 8, 10, 12… Autant de nouvelles séries. Le chiffre, suivi de M JI pour Mètres et Jauge Internationale ne correspond pas à la taille du voilier, pratiquement deux fois plus grand. Le club saisit aussitôt l’opportunité de participer au développement de ces voiliers inédits – 6 M JI, 8 M JI, mais également la série nationale des 6m 50 SI. Le club connaît alors un essor spectaculaire, construit ses propres voiliers et n’hésite pas, en 1907 à convier Queen X, le bateau de Sa Majesté le Roi d’Espagne.La SVA organise, dès le début du XIXème siècle, de grandes compétitions internationales et glane de nombreux podiums jusqu’en Italie. Fort de ses 250 membres, dont certains sont particulièrement fortunés et influents, et de ses locaux à Bordeaux, le club se singularise déjà par la taille de ses voiliers. La goélette Harlequin est à l’époque le plus grand voilier de la plaisance de la côte atlantique. Malgré la relative petitesse de son plan d’eau, ses bancs de sables, ses fonds souvent découverts et son accès difficile depuis l’océan,Arcachon devient donc le port d’attache de nombreux voiliers prestigieux. Et non plus seulement des modestes unités, plus adaptées au Bassin.

Dès 1912, on apprend à naviguer sur le Bassin

Le prestige de la SVA profite également aux chantiers navals tous proches, comme Bonnin, mais également à la voilerie Claverie. En 1912, soucieuse de permettre aux jeunes de régater à armes égales, la SVA lance en collaboration avec Joseph Guédon le Monotype d’Arcachon. L’école de voile est née… Le Club organise également des régates de voiliers de travail afin d’attirer les marins professionnels. En 1913, lors des plus grands événements, on compte jusqu’à 500 bateaux spectateurs et participants sur le plan d’eau ! La première guerre mondiale marque bien sûr un coup d’arrêt aux activités des désormais 600 membres de la SVA. Le club redémarre de plus belle dès 1919, s’impliquant plus encore dans la jauge métrique. En 1924, le secrétaire général écrit : «… au risque de manquer aux règles de la plus élémentaire des modesties, je me vois dans l’obligation de constater que notre Arcachon est devenu l’Eden du yachting français ». La SVA déménage pour plus d’espace et de prestige, s’accommode de la crise de 1929, s’installe provisoirement au Grand Hôtel de la Plage pour élire domicile, deux ans plus tard, dans la villa des Tamaris. Le club délaisse alors le motonautisme et change de nom pour devenu Cercle de la Voile d’Arcachon, son vocable actuel. Après la deuxième guerre, le CVA est bien contraint de s’adapter à l’évolution de la voile française. La jauge métrique s’essouffle tandis que la régate en dériveur léger et en habitable se démocratise. Le club met en place une école de voile et une section croisière. De nombreux membres du CVA trustent les podiums les plus prestigieux et participent même aux Jeux Olympiques.

Les 18 heures d’Arcachon, régate phare du CVA

Une régate de nuit est lancée en 1957. Elle deviendra « 24 heures d’Arcachon » en 1969, raccourcie plus tard à 18 heures. Cette épreuve reste aujourd’hui le principal rassemblement organisé par le CVA, même si l’objectif de la prochaine édition, de l’aveu d’Eric Limouzin, est de réunir 100 voiliers alors que les participants étaient deux fois plus nombreux il y a 20 ans. En 1973, le club s’installe quai du Capitaine-Allègre, sur le port de plaisance devenu l’un des plus importants de France. Pour rejoindre son emplacement actuel, les pieds dans l’eau, en 1991. Le CVA, après ses années de faste et de yachting, décroche progressivement dans le domaine de la voile habitable et surtout la course au large. Idem pour l’activité des séries comme le Monotype d’Arcachon, la Loup, le Pacific et le Dragon ; les flottes s’étiolent et nulle autre ne parvient plus tard à s’imposer. De nombreux monotypes plus récents comme le Surprise, Sprinto ou encore J 80 ont bien créé une émulation, mais sans s’inscrire dans la durée. L’excitant J 70 s’y essaye… Alors qu’à Arès, les vieux 590, petits dériveurs nerveux et bon marché, reprennent du service. Tout comme les Jouët 680, robustes croiseurs familiaux, à Gujan-Mestras. Pour autant, le club conserve un excellent niveau et un certain prestige. Des grands noms de la voile comme Yves Parlier, Arnaud Boissières, Yannick Bestaven et Elodie Bertrand y ont fait leurs classes et reprennent leur licence chaque année. Le CVA soutient également d’excellents régatiers comme Cyril Richard en Europe et Jean-Jacques Frébault en Snipe. Le nombre de bateaux-départs, c’est-à-dire le cumul de tous les voiliers qui participent aux régates de l’année, s’établit à 1 000, ce qui reste un résultat honorable.

Un club toujours investi dans la compétition

Le CVA continue à organiser ou accueillir des événements prestigieux tels que des championnats du monde. Pragmatique, le club a très vite compris l’intérêt de développer l’enseignement de la voile dans le cadre scolaire (2 600 séances par an en 2017) et de miser sur des supports ludiques comme le catamaran, le kayak ou le paddle.« Notre priorité, c’est que les gens se fassent plaisir », justifie Eric. Un partenariat avec les écoles de surf a été mis en place. Aujourd’hui, les stages de voile se répartissent toute l’année, avec un gros pic l’été, bien sûr. Et l’accueil des 1 300 stagiaires génèrent 150 000 € de chiffre d’affaires.Le retour en grâce de la voile traditionnelle n’a pas non plus échappé aux dirigeants du club, qui se sont impliqués dès 1989 dans l’organisation de rassemblements de voiliers construits en bois. Mais l’ADN du CVA, comme le souligne Pierre Simon, un ancien de la Coupe de l’America, adjoint puis chef de base pendant 25 ans au club, c’est bien la régate à bord de monocoques identiques. Reste à dénicher le bon support, celui qui, comme le Monotype d’Arcachon, est parvenu à la fin des années 1950, près de 40 ans après son lancement, de réunir à nouveau plus de 40 unités. En attendant, en ce jour de fête, les trimarans aux étraves acérées comme des lames de couteau croisent avec les traditionnels bacs à voiles… pour le plus grand plaisir des yeux. Si vous tournez la tête vers le port, la coque jaune de CuttyTou, un des plus prestigieux 8 M JI, attirera certainement votre regard. Ce magnifique voilier en acajou reste la mémoire vivante du riche passé du club. Ce plan Nicholson, construit en 1930 à Cowes, compte bien participer aux championnats du monde de la série. Pourquoi ? Parce que l’épreuve se déroulera à Cowes, justement… et que le CVA a encore son mot à dire dans le monde du yachting !

© Tom © CVA

Le CVA en chiffres

1er école club de voile française en 2019

1er club de voile en Nouvelle Aquitaine

3 voiliers habitables

5 à 20 employés

8 bateaux d’accompagnement

70 supports de voile légère

100 : objectif du nombre de participants aux 18 heures d’Arcachon

1 000 bateaux-départs

1 400 membres

1882 : année de naissance du club

2 200 licences voile délivrées en 2017

2 600 séances de voile scolaires par an

Article de 2018

Texte : Emmanuel Van Deth

Vous pouvez toujours vous inscrire au championnat de France ici :

https://europeclass.fr/championnat-de-france-2020-arcachon-avis-de-course-2/

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